Mais d’où vient le logo du collège ?
Vous êtes nombreux à vous demander d’où vient le logo du collège, que vous retrouvez sur les carnets, le site du collège, les documents officiels…
Ce fameux taureau stylisé, regardant vers la droite comme avide d’une destinée…
C’est suite à un concours mené au collège il y a déjà longtemps (l’enquête en cours remontera à la date exacte, même si les témoins se font rares…) qu’un mystérieux élève avait proposé ce logo, et qu’il avait emporté la majorité des votes.
Comme vous l’avez sans doute déjà deviné, c’est un dessin de l’artiste qui a donné son nom au collège, le peintre espagnol Pablo Picasso (1881-1973).
Pour mémoire, Pablo Picasso est le peintre qui a inventé le cubisme, notamment avec ses célèbres Demoiselles d’Avignon.
Picasso a développé, tout au long de sa vie, l’art de styliser son dessin, de travailler son trait pour aboutir à une œuvre pure. On peut ainsi découvrir ce double autoportrait de l’artiste, le premier à 18 ans, le deuxième à 35 ans… Le figuratisme des débuts cède progressivement au cubisme… (On reconnaîtra au passage l’une des 4 œuvres utilisées dans le bandeau du site, ci-dessus.)
À la fin de sa vie, à 90 ans, Picasso se peignait même ainsi :
Mais revenons à notre bovin. Picasso, épris de corrida, se passionnait pour l’image du taureau, pour sa puissance, pour son indépendance, pour son caractère. Jeune, il assistait aux courses de taureaux avec son père. Il dira même un jour que s’il n’avait pas été peintre, il aurait aimé être picador (l’un des assistants du toréador – celui qui plante des banderilles pour affaiblir la bête). Mais tordons tout de suite le cou aux combats anachroniques : Picasso va plus loin que l’image basique du combat entre l’homme et l’animal. Il associe au contraire le toréador au taureau : il les considère comme un seul et même personnage, le combat à mort les unifiant dans l’éternité, comme un monstre hybride. Vous comprenez tous instinctivement à quel personnage de la mythologie cette idée aboutit : le minotaure, bien sûr, cet être mi-homme, mi-taureau que l’architecte Dédale avait enfermé dans son labyrinthe, et que Thésée tua, grâce à l’aide du fil d’Ariane. (Pour lire toute l’histoire, cliquez ICI.)
Le minotaure apparaît ainsi dans l’œuvre de Picasso dans les années 30. C’est une figure sacrée, sauvage et archaïque. C’est un monstre enfermé au centre d’un labyrinthe tout comme le taureau dans l’arène. La présence du minotaure chez Picasso est là pour signifier la dualité de l’homme ; la confrontation en lui, au cœur de son âme, de sa bestialité et de son humanité.
En 1933, Picasso crée le mot-valise « minotauromachie », qui mêle « tauromachie » et « minotaure ».
Repérez déjà le regard du taureau, incroyablement humain. Tourné vers la droite. Pensif. Attentif.
Picasso s’attacha alors à styliser son trait. Il voulait gommer les détails, les aspérités, ne garder que l’esprit, le sens, le sel. Il se livra à de nombreuses études sur le taureau, dont voici l’une des plus célèbres (en 1945) :
Lequel de ces taureaux est-il le plus réaliste ? Lequel nous fait-il le plus réfléchir ? Lequel nous donne le plus d’émotion ? Quoi qu’il en soit, nous sommes arrivés au bout de notre histoire. Regardez bien le septième taureau, zoomez sur sa face (son… visage !) et son regard à la fois humain et animal, vide et acéré, triste et décidé.
Nous venons de retrouver le logo du collège Pablo Picasso.